Delphine Maury (1981 en France) vit et travaille à Toulouse. Diplômée en 2012 de l'ETPA (École photographique de Toulouse), elle a été sélectionnée lors d'une résidence avec l'Institut Français au Vietnam où elle a commencé un travail introspectif qu'elle a poursuivi ensuite comme un vecteur d'une pensée nomade lors de ses nombreux voyages toujours dans la notion de quête identitaire. 

Elle se nourrit et se confronte aux différentes cultures et rencontres qui vont et viennent crescendo vers l'autre, avec une mise en écho qui la tient en éveil.  Sa démarche est fragmentée de visions intérieures, qui la hantent et qui la sauvent. On peut y croiser ses rêves ainsi que ses traits les plus sombres. Elle s'interroge peu à peu sur la thématique de l’enfermement du corps, de l’esprit, et la possibilité de s'en libérer. Hors cadre, dans le dédale des ombres, elle se laisse attirer par les fissures qui accidentent les chairs, celles qui poussent les vertiges du dehors vers le dedans. Ces lueurs qui l'inspirent et qu'elle respirent, l'amènent à s’enivrer et à creuser un peu plus profond en se questionnant sur la frontière du conscient et de l'inconscient.

L’ouvrage est le fruit d’une errance engendrée par la perte, une quête solitaire, un travail de deuil. Traversées par une présence indicible où se nouent intériorité et mélancolie, les photographies sont des fragments, des glissements étranges. Souvenirs, apparitions, absence et vide, Delphine Maury capture un temps dilaté, familier et obscur à la fois, un temps saisi par la fugacité et la fragilité aussi bien que par un indéfectible sentiment de durabilité. Au rythme d’un récit intime, d’une valse des émotions, émergent avec tension des images évanescentes, des figures fantomatiques teintées de fantastiques, des hors champs lumineux, des repères solitaires, des lieux coutumiers. Tout est flottement et trouble, car si Delphine Maury est habitée par des cauchemars, la camera obscura entre les mains, elle a le pouvoir de l’alchimiste, et, renvoie toujours la lumière avec pudeur et délicatesse. Delphine Maury nous donne ainsi à lire et à voir un portrait en filigrane. Commissariat : Cendrine Krempp